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DOMENS

22, rue Victor Hugo - BP 21

34120 PÉZENAS - France

Tél. 04.67.62.26.34

courriel : editions.domens@domens.fr
site : http://www.domens.fr

Sur rendez-vous


Direction : Jean-Charles DOMENS


Domaines couverts : Nouvelles - Théâtre - Biographies - Poésie - Éditions originales.


Collections :
Intégrale - Biographies - « Regards sur la ville » - Théâtre - Salmigondines - Littérature - « Méditerranée vivante » dirigée par Edmond Charlot - Langues et Sociétés - Patrimoine.


Langue de publications : Français


Diffusion / Distribution :

- Nous-mêmes



 

 

Revue de Presse


Septimanie
Le livre en Languedoc-Roussillon
n°11 - Décembre 2002

Sur le métier...

DOMENS,

un imprimeur-éditeur
à l'ombre d'Edmond Charlot et de... Molière
Entretien avec Jean-Charles Domens


Le siège social des éditions Domens, rue Victor Hugo à Pézenas, est aussi celui de l'imprimerie qui porte le même nom. D'où la pénétrante odeur d'encre qui, le seuil franchi, ne peut échapper au visiteur. Comme ne peuvent lui échapper, car tapissant tous les murs de cet immense atelier, affiches, panneaux et premières pages de périodiques du début du siècle réalisés par la société Domens Cazals, créée en 1895. Les couvertures du Régional, journal hebdomadaire commercial, littéraire, agricole, viticole et industriel, dont est présenté le numéro 2, en date du 30 mars 1895, et du Socialiste, viennent rappeler qu'une presse populaire, rurale et indépendante a jadis existé en province. Un univers de papier, d'odeurs et de bruits de machines dans lequel a toujours baigné Jean-Charles Domens, imprimeur-libraire par atavisme familial, mais aussi éditeur depuis 1990. À notre arrivée, il travaille à la typographie d'un ouvrage de Guillevic, entièrement réalisé au plomb. Jean-Charles Domens parle beaucoup, et bien, du papier et de l'encre. Il montre avec fierté les plus belles pièces de son catalogue, dont le Pézenas de Flipo, amoureusement élaboré, c'est l'évidence.  Mais il est plus difficile de faire parler de lui cet artisan discret et un peu taciturne qui, c'est le moins qu'on puisse dire, n'en « rajoute pas ». Entretien.

Septimanie : Quel a été votre itinéraire ?
La maison Domens existe depuis plus de cent ans. Quand j'étais gamin, la librairie et l'imprimerie étaient au même endroit, dans un hôtel particulier, en haut du cours Jean Jaurès. Nous habitions au-dessus. J'avais la tête dans les livres et les pieds dans l'encre. La maison se partageait jusque dans les années soixante-dix entre l'imprimerie, imprimerie de presse en particulier, et la librairie. Elle s'était lancé en 1880 dans l'édition d'un journal, Le socialiste, qui a perduré jusqu'en 1972 en devenant au fil des ans Pézenas info. L'activité d'imprimerie s'est ensuite recentrée sur la prestation de services qui, de temps à autre, incluait de l'édition à compte d'auteur. Certaines rencontres ont fait que, à un moment donné, j'ai décidé de franchir le pas. La première, avec Huguette Lapointe, la soeur de Boby, a été décisive. Nos familles étaient très proches. Son éditeur parisien venait de mettre la clef sous la porte alors qu'elle venait de terminer une biographie de son frère, pleine d'anecdotes, d'illustrations, de témoignages d'amis comme Georges Brassens ou Pierre Perret. Je lui ai donc proposé de l'éditer, ce qu'elle a accepté. Les éditions Domens sont nées à ce moment-là. Ce fut un grand bonheur, car j'admirais Boby, dont je connaissais toutes les chansons par c¦ur.

Un bon début, puisque le livre a rencontré son public.
C'était effectivement un bon début puisque l'ouvrage a pratiquement atteint les cinq mille exemplaires. Il s'agissait également d'une bonne « carte de visite », si je puis dire, d'un excellent moyen de se faire connaître, notamment des libraires, rapidement. L'intégrale des textes de Boby Lapointe, parue l'année dernière, a dépassé les cinq mille exemplaires.

Les rencontres semblent avoir joué un rôle important dans la constitution du catalogue. Celle avec le peintre piscénois Flipo, notamment, a débouché sur l'édition de beaux livres.
Je souhaitais depuis toujours rendre hommage à ma ville natale. Je connaissais Flipo sans être particulièrement ami avec lui. Invité un jour chez lui, j'ai découvert les très nombreux croquis qu'il avait fait des rues de Pézenas, des choses assez extraordinaires, qui dénotaient une connaissance profonde du lieu. L'idée m'est venue de faire un très bel ouvrage sur la ville, puis de créer une collection, qui s'intitulerait « Regards sur la ville », qui confronterait des textes de voyageurs célèbres et des illustrations d'artistes contemporains. Flipo s'est donc chargé de Pézenas, et Isidore Dufis a donné sa version de Carcassonne. J'ai comme projet de réaliser un livre sur Alep en collaboration avec l'orientaliste André Miquel. Ces livres sont tirés à quelques centaines d'exemplaires et présentés sous coffret. Il va sans dire que j'y attache un soin tout particulier.
Il est évident qu'une part de la beauté de ce métier réside dans les rencontres qu'il permet. J'ai la satisfaction d'entretenir de bons rapports, souvent très chaleureux, avec mes auteurs. André Miquel, dont nous nous apprêtons à publier un recueil de textes, intitulé Jusqu'à seize ans, est un homme avec qui travailler est un pur plaisir.

La collection «  Méditerranée vivante », elle, est dirigée par Edmond Charlot. Comment les choses se sont-elles passées ?
Charlot a apporté, avec Albert Camus, une dimension nouvelle à la notion de civilisation méditerranéenne, une notion qui m'est chère. Il a, en outre, toujours fait de l'édition, quel que soit son lieu de résidence. Je crois que partout où il est allé, il a édité des livres. Son activité d'éditeur s'est donc poursuivie lorsqu'il s'est installé à Pézenas, essentiellement avec cette collection. Il m'a fait l'honneur de la céder aux éditions Domens à la suite de la parution, chez nous, de la bibliographie illustrée de son travail éditorial réalisée par Michel Puche, journaliste à Livres Hebdo. Jean-Pierre Peroncel-Hugoz, journaliste du Monde préoccupé par ces mêmes questions de civilisation, n'a pas publié, dans cette collection, ces chroniques lusitanes par hasard, bien sûr. Les choses se font progressivement. La bibliographie de l'¦uvre éditoriale de Charlot était préfacée par Jules Roy, que j'ai rencontré à cette occasion. C'est par l'intermédiaire de Jules Roy que j'ai pu recevoir certains manuscrits, comme ceux du journaliste algérien Arezki Metref, installé en France depuis quelques années.

Quel a été le rôle de Paul Reynoird ?
C'est à Reynoird, ancien directeur artistique de Havas, que nous devons le carré de nos couvertures, qui accueille leurs illustrations. Nous avions créé avec Reynoird, un vieil ami, bien avant que les éditions ne soient lancées, une revue satirique, Le Pavé, qui n'a pas beaucoup duré, mais qui a laissé, je crois, une trace chez certains. Reynoird a apporté, entre autres, une cohérence esthétique à l'ensemble du catalogue.

Que publiez-vous ?
Des récits, des témoignages, des romans, des biographies, mais aussi du théâtre avec des textes de dramaturges contemporains comme Daniel Lemahieu qui occupe une place particulière dans le catalogue. Nous éditons entre quinze en vingt titres par an. Beaucoup de nos ouvrages sont illustrés, sans doute par préférence personnelle. La qualité du rapport entre le texte et l'image est quelque chose qui me tient particulièrement à c¦ur. Nous organisons assez fréquemment des expositions d'¦uvres originales qui ont servi d'illustrations aux livres, que nous accompagnons souvent de conférences, d'abord parce qu'il s'agit d'une excellente manière d'aller à la rencontre du public, et ensuite par plaisir. Je crois qu'un éditeur comme moi se trouve vraiment dans l'obligation d'aller chercher le lecteur. L'organisation de manifestations de ce type, en collaboration avec des institutions, pour des publics relativement ciblés, est un de ces moyens.

Comment définiriez-vous votre rapport au livre ?
Je suis par principe opposé à la spécialisation des tâches. Je crois qu'il faut, dans ce métier, savoir tout faire. Une des facettes du métier d'éditeur est artistique, sensuelle. Mon rapport au livre est quand même essentiellement de cet ordre-là. J'ai l'amour du papier. Certaines nouveautés font, en marge du catalogue, l'objet d'un tirage de tête sur papier de luxe. J'aime les « grands papiers ». Au-delà de la connaissance, de la découverte, le plaisir se niche aussi dans la beauté d'un objet qui est fait de papier et d'encre.

Comment présenteriez-vous votre maison ?
Je tiens à mes attaches régionales, mais je ne veux pas pour autant faire du régionalisme. La région est très présente dans le catalogue, bien évidemment, avec par exemple le « Répertoire du théâtre d'Oc contemporain » de Claude Alranq. Mais vous y trouverez aussi un écrivain roumain comme Marin Sorescu, ou un poète catalan comme Joan Alavreda. L'idée de Méditerranée m'est assez chère, je l'ai dit, et cela doit se sentir. Je veux penser que la présence de personnalités comme Charlot et Cardonnel dans le catalogue n'est pas tout à fait due au hasard non plus. Il y a dans ces murs un héritage familial particulier : cent ans de presse d'opinion, ce n'est pas rien. Cela implique un certain nombre de choses sur lesquelles il n'est pas besoin de s'étendre. Les deux livres de témoignages de fils de Harkis du Lodévois que nous avons fait témoignent eux aussi de cela, il me semble.

Propos recueillis par Frédéric Joly.



Courte visite d'un catalogue

La collection « Biographie » du catalogue Domens accueille, aux côtés, entre autres, de la biographie de Boby Lapointe, deux étranges et intéressants récits. Dans Un poème en terre étrangère : Joan Alavreda et son poema del pessebre, Gemma Chaix-Durand, médecin à Montpellier, raconte l'exil de son grand-père, un militant catalaniste menacé par le régime franquiste, qui, réfugié à Prades, vit un de ses poèmes mis en musique par son ami Pablo Casals. L'écrivain Marie Bronsard, elle, revient dans Une traversée slave du siècle. Souvenirs de Catherine Pillet-de Grodzinska sur l'itinéraire tourmenté et véridique d'une jeune et belle Russe, née à Saint-Petersbourg en 1911. On relèvera également les titres d'Henri Gourdin sur Walt Disney et Jean-Jacques Audubon. La riche collection « Théâtre », outre les utiles répertoires de Claude Alranq, propose aussi bien des traductions de classiques par Daniel Lemahieu (Antigone, La tragédie du roi Richard II) que des textes de contemporains comme Daniel Lemahieu lui-même, Guy Vassal, Max Rouquette, Arezki Metref, Jacques Bioulès ou encore Emmanuel Darley. Marie Bronsard, Paul Reynoird, Michel Butor, Emmanuel Roblès font partie des auteurs présentés dans la collection de littérature générale. Un certain nombre d'entre eux sont illustrés, souvent par le peintre Claude-Henri Bartoli, un fidèle de la maison. La collection que dirige Edmond Charlot, « Méditerranée vivante », propose notamment, aux côtés de Jules Roy et Jean Sénac, les Souvenirs d'Oran d'André Belamich, les Poèmes de guerre de Frédéric-Jacques Temple, ou encore le petit journal lusitan de Jean-Pierre Péroncel-Hugoz, un carnet de routes attachant, accompagné avec intelligence par de superbes photographies. C'est dans la collection « Langues et Sociétés » que l'on retrouve les deux livres de Bernard Derrieu consacrés aux familles de Harkis de Lodève et à leur art du tapis traditionnel, mais aussi les Chroniques d'un pays blessé, en l'occurrence l'Algérie, de Arezki Metref, ainsi que trois ouvrages du père Jean Cardonnel. Toujours dans la même collection, un ouvrage collectif attire l'attention : Palenque de San Basilio, livre-CD, est un très beau travail. L'ouvrage, dont la maquette et le format sont parfaitement réussis, est un portrait des palenqueros de Colombie, le premier peuple libre de l'Amérique. Constitué de fortes peintures de Patrick Singh, de photographies qui ne le sont pas moins, et préfacé par un ethnolinguiste, il est réalisé avec tout le soin éditorial dont Domens est coutumier. On notera par ailleurs dans la collection « Témoignages » le livre d'enquêtes de Jean-Pierre Juge, Un siècle de coopération, et demain ?, consacré aux acteurs vinicoles du Languedoc.
La totalité du catalogue peut-être consultée sur le site de l'éditeur : www.domens.fr

Témoignages :


André Miquel

Produire des livres est à la portée du premier éditeur venu, produire à chaque fois, un livre, en d'autres mots s'y investir, à chaque fois, tout entier, le traiter comme un livre à part, est une autre affaire. Chez Jean-Charles Domens, l'encre des machines - car ici, on imprime - semble chargée d'une odeur particulière ; de l'encre, oui, et aussi du patrimoine familial, du terroir, Pézenas, le Languedoc, mais ouvert : sur la Méditerranée, sur l'autre rive, et plus loin encore, vers tout horizon qui viendra se recueillir là, s'y faire accueillir comme à une table d'hôte. Poèmes, récits, romans, albums de souvenirs ou autres, théâtre et même textes de chansons avec l'enfant du pays, Boby Lapointe, la table est bien garnie. Dieu merci, pour l'édition comme pour le reste, il n'est pas de France qu'à Paris.

Michel Puche

Le plus souvent, on cherche un éditeur pour son livre. C'est parfois pour certains une longue quête... A Pézenas, sans avoir encore écrit une ligne, j'en avais déjà trouvé non pas un mais deux. Et quels éditeurs !
D'abord Edmond Charlot, venu amarrer là sa librairie après avoir fait escale à Alger, Izmir puis Tanger. Une circumnavigation méditerranéenne, en somme.
Ensuite, Jean-Charles Domens, installé une rue plus loin, déjà imprimeur et libraire à la suite de plusieurs générations, et entré en édition en chantant Boby Lapointe. Ou plus exactement en publiant sa biographie.

Réunir sur une même couverture Charlot l'algérois et Domens le piscénois m'a paru évident. Par pudeur, le premier avait refusé les offres alléchantes de confrères parisiens mais il ne manquerait pas d'être séduit par les méthodes artisanales du second. Domens est par excellence : « un éditeur de rencontres » ; celle entre lui et Charlot, autour d'un même attachement pour la Méditerranée, reste des plus fécondes.


 

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